La condition de l'être humain après la mort

Recherches bibliques sur la question de la mort

 

Introduction :

 

En abordant ce sujet, j’ai conscience de m’aventurer sur un terrain délicat pour beaucoup. Qui n’a jamais souffert de la perte d’un être cher, et ne s’est  jamais posé la question de son devenir ?

Depuis la nuit des temps, les explications les plus diverses concernant nos morts, nous ont été proposées. Du néant, en passant par la réincarnation, la migration des esprits,  l’immortalité de l’âme, l’absence de vie après la mort, la foi en la résurrection des morts, toutes ces convictions sont vivaces etc... Pour les uns, la mort est une fin, pour les autres, elle est un commencement, pour d’autres encore, la mort met la vie en attente, entre parenthèse en vue d’une recréation. Certes, cette diversité, sur un sujet tellement personnel, mérite notre profond respect.

 

Mais cela ne peut, à mon avis, occulter en aucune manière, le besoin de confronter nos convictions, bref, de s’éclairer mutuellement sur nos façons d’appréhender le sujet de l’après-mort.

Je précise de suite que ma recherche s’inscrit  en dehors de toute provocation ou débat passionné. La polémique en la matière ne m’intéresse pas. Chacun est libre de croire ce qu’il veut... Donc, je m’inscris dans un contexte de découverte en prenant comme seule et unique référence, les Saintes Ecritures. Autant dire que j’aborde le sujet, sous l’angle précis du message chrétien.

 

 Je laisse de coté les approches asiatiques et africaines du sujet, pour me concentrer sur notre culture judéo-chrétienne, celle de notre vieille Europe et du bassin méditerranéen.
J’ajoute que tous les éléments de cette réflexion n’ont pas la même pertinence, il convient de prendre en considération l’ensemble du sujet traité. Tous  les éléments de cette réflexion sont mis en vrac, dans un tronc commun de questionnements. Cela mériterait un classement plus ordonné, mais pour l’heure, mon souhait est d’alimenter un partage. 

 

Développement :

 

Concernant notre sujet, en synthèse, 2 grands courants sont proposés :

 

- croyance en une survivance de l’âme après la mort. (d’essence spirituelle, l’âme représentant la personne individualisée, est déclarée immortelle).
Cette position très majoritaire est enseignée par l’Eglise Catholique Romaine. Les milieux protestants et évangéliques en grande partie y adhèrent.


- Croyance dans la doctrine du sommeil des morts. Très minoritaire. Elle est enseignée dans des milieux dits biblistes. La mort concerne la personne dans sa globalité. Toute activité consciente du moi est en attente de la résurrection, au retour en gloire du Christ, suivant sa promesse.

 

Pour bien faire, il faudrait définir les mots âme, esprit et corps ; mais cette étude anthropologique nécessiterait plus qu’une thèse de doctorat. Je vais donc procéder à une synthèse des définitions et me référerais donc, suivant le besoin, à certaines études.


La Bible présente une double vision de l’homme :


- une vision objective : on décrit l’individu de l’extérieur et on définit ses composants. (Cf. Genèse 2 :7)


- Une vision subjective : on décrit l’individu de l’intérieur et on définit ce qu’il   ressent. (Cf. 1 Thessaloniciens 5 :23)


Il y a donc une vision hébraïque et une vision grecque de l’être. Il faut savoir qu’à l’origine, les hébreux concevaient très difficilement les choses abstraites. Dieu, comme un bon Père, a éduqué en illustrant, en faisant faire, en impliquant etc...Ainsi le sanctuaire israélite était une véritable maquette du plan du salut pour l’homme. Les sacrifices avaient pour objectif de l’impliquer et le responsabiliser...

La description de la vie dans la Genèse présente 2 seuls éléments. (Cf. Vision objective) « L’Eternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant  » Genèse 2 :7 (dans l’original il est dit : une âme (nèphèsch) vivante.

 

    -  Un corps (basar en hébreux ; sôma en grec) fait de terre (de la glèbe, dit Chouraqui). Il est le réceptacle de la vie (temple du Saint-Esprit dira Paul ; Cf.1 Corinthiens 6 :19) 


    -  Un souffle de vie (ruah en hébreux ; pneuma en grec) Il vient de Dieu et retourne à Dieu après la mort. (On rend l’esprit, Cf. Jean 19 :30, Actes 7 : 59 ) ; Cette puissance créatrice de vie procède de Dieu seul. Elle lui appartient. La vie n’est qu’un prêt...

 

L’association  du corps, et de cet esprit venant de Dieu, donne comme résultat : une âme qualifiée de vivante. (Cette définition nous intéresse, car c’est là qu’est définie  la vie pour la première fois.) L’âme n’est pas un troisième élément  constitutif de la personne, elle n’est qu’un mot exprimant le résultat d’une association Corps+Esprit. Le célèbre théologien catholique Claude Tresmontant avait raison de dire : « En hébreu, l’âme c’est l’homme. On ne doit pas dire que l’homme a une âme, mais qu’il est une âme...

 

 Ignorant la dichotomie âme-corps, l’hébreu appelle cette réalité tangible, sensible, expressive et vivante qu’est l’homme une âme... L’essence de cette chair qu’est l’homme, c’est l’âme. Si on enlève l’âme, il ne reste pas un corps. Il ne reste rien, sinon de la poussière du monde.  » (Cf. Claude Tresmontant «  Essai sur la pensée hébraïque, éd. du Cerf, 1962, p. 97)


C’est la raison pour laquelle dans l’Ancien Testament l’âme est soit vivante (Genèse 2 :7) soit mortelle (Ezéchiel 18 :4) et que l’hébreu emploie indifféremment et de manière équivalente les expressions : « toute chair », et « toute âme ». En occident, nous avons hérité du dualisme grec et il nous est difficile d’intégrer qu’en hébreu ce dualisme Âme-corps n’existe absolument. C’est la raison pour laquelle, l’âme représentant la personne dans son entier, peut exprimer tous les ressentis humains : L’âme a faim (Psaume 107 :9 ; proverbes 10 :3 ; 27 :7) l’âme entend (Jérémie 4 :9) l’âme méprise (Ezéchiel 36 :5) L’âme hait (Psaume 17 :9) L’âme désire l’amour et aime (Jérémie 2 :24 ; Genèse 34 :3 ; cantique des cantiques 1 :7 ;3 :1,4)  l’âme connaît (Psaume 139 :14) etc...


J’observe que l’emploi du mot âme dans le Nouveau Testament est identique :
« Ne vous inquiétez pas pour vos âmes de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez » (Matthieu 6 :25) « Vous trouverez le repos pour vos âmes » (Matthieu 11 :29) «  Les fruits que désiraient ton âme sont partis loin de toi » (Apocalypse 18 : 14) et les célèbres paroles de Jésus : « Mon âme est troublée » (Jean 12 :27) et « mon âme est triste jusqu’à la mort » (Cp. Matthieu 26 :38 ; psaume 42 :6) Ce qui revient à dire : Je suis troublé et je suis triste... 
    
Cela expliquerait aussi pourquoi, dans les Saintes Ecritures, on parle de rendre l’Esprit, jamais l’âme, même si en hébreu, jamais il n’est dit que l’esprit, ruach, meurt. La confusion est souvent entretenue par l’inversion âme – Esprit en regard de la conception grecque (Cf. Vision subjective).


Mais, reconnaissons que si nous partons du postulat que la  mort est le contraire de la vie, c’est bien la vision objective de l’homme qui nous intéresse. Toutefois, même une analyse approfondie de la vision subjective, nous conduirait au même résultat. L’âme n’existe que par l’association de l’Esprit et du corps. Aucun texte ne présente clairement une âme autonome et indépendante de l’Esprit et du corps. (Même le texte d’ Hébreux 4 :12 qui décrit une séparation, un partage, est un procédé de raisonnement par l’absurde. Physiquement, disjoindre jointures et moelles est impossible. Ce texte démontre simplement la puissance de la Parole de Dieu)
 
Précisons, avant d’aller plus loin, ce que j’entends par mort : la perte irréversible de toutes les fonctions vitales de l’être. Le Larousse 1996 définit ainsi la mort : cessation complète et définitive de la vie. (Toutes les descriptions précises de coma dépassé, font partie de phénomènes hallucinatoires connus et n’entrent pas dans cette définition !) Je laisse donc volontairement de coté toutes les expériences aux frontières de la mort, appelées NDEs, abréviation de Near Death Expériences. Pourquoi ? Parce que ces types d’expériences n’arrivent qu’à certains sujets sensibles aux fortes émotions, que cela touche aussi bien celui qui maudit Dieu, que celui qui y croit... En plus, on a pu scientifiquement constater que les manifestations décrites le plus couramment, peuvent se reproduire lors d’un grand stress, d’une très grande fatigue, d’un accident cardiaque et même lors de relations sexuelles intenses...

 

De plus versons au dossier que les témoignages de personnes ayant vécu un NDEs, ne sont pas tous marqués par la sérénité et le merveilleux. On laisse volontiers de coté toutes les descriptions hideuses, cauchemardesques enregistrées par le corps médical. D’ailleurs ces expériences  suscitent questions : Comment comprendre que ceux qui passent par ces états voient « des défunts » qui ne sont pas encore morts ?
Roland Meyer(Le retour à la vie, Ed. Les Signes des Temps, p.50)  cite 2

 

témoignages :


L’un du Dr Philippe Meyer, professeur de pharmacologie. Ce dernier déclare : « La personne qui va mourir est sujette à des perturbations générales qui peuvent influencer la chimie du cerveau. C’est tout ce que l’on peut affirmer, tout le reste est de l’ordre de l’opinion plus que du raisonnement ».
Le deuxième est du psychiatre anglais Susan Blackmore : « Le dysfonctionnement cérébral ferait croire au sujet qu’il se trouve dans une situation réelle alors qu’elle est imaginaire. » 


Tout cela pour dire que sérieusement, il est difficile d’accorder une quelconque crédibilité à ce genre de preuve d’une existence après la mort. Ce n’est pas inintéressant de prendre acte du fait que la science médicale dans de nombreux cas, n’est toujours pas en mesure de déterminer avec précision le moment ultime de non-retour.  

Je vais donc développer maintenant le pourquoi je suis en faveur de ce deuxième courant, celui qui fait référence au sommeil des morts.

 

1)  premier élément de réflexion :


Comment se fait-il que la Bible utilise les mots esprit (827 fois) et âme (873 fois) et que jamais ils ne sont accompagnés de l’adjectif immortel. Ces quelques 1700 références sans mention de l’adjectif  immortel, ne devraient-elles pas nous faire réfléchir ?
Dans nos versions, cet adjectif ne se trouve que dans 1 Timothée 1 : 17 ou il est appliqué à Dieu seul. Le substantif immortalité se rencontre dans 5 passages et jamais n’est appliqué à la nature présente de l’humain (Cf. Romains 2 : 7 ; I Corinthiens 15 :53 et 54 ; 1 Timothée 6 :16 ; 2 Timothée 1 : 10)
Par contre, il est dit dans l’ancien testament : « l’âme qui pèche, c’est celle qui mourra » Ezéchiel 18 :4

 

2) deuxième élément de réflexion :


D’où peut donc bien venir cette idée de l’immortalité si ancrée dans l’inconscient collectif des humains ? Ne viendrait-elle pas d’ Eden ?  Quand nos premiers parents ont cru au serpent ?  N’est-ce pas lui qui a déclaré à la femme : «  Non, vous ne mourrez point : mais Dieu sait que, du jour où vous en mangerez, vos yeux seront dessillés, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal. »  Genèse 3 :4,5 (version du Rabbinat Français)


Si nous sommes, par notre âme, immortels, ne donnons-pas raison au serpent ? Ce rêve de vie éternelle, ce besoin de ne pas capituler devant l’échéance dernière, ce déni d’accepter les conséquences de la transgression avec sa rupture de relation à Dieu,  ne pose-t-il pas problème en regard de la révélation du plan de Dieu ?  Dieu n’avait-il pas dit : « tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir ; mais l’arbre de la science du bien et du mal, tu n’en mangeras point : Car, du jour  où tu en mangeras, tu dois mourir ! » Genèse 2 :16-17 (version Rabbinat Français) « Tu devras mourir. » (T.O.B) « le salaire du péché, c’est la mort » Romains 6 :23. « Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » Romains 3 :23


Croire qu’après la mort, l’âme s’en va dans la présence de Dieu, n’est-ce pas refuser de reconnaître l’autorité de Dieu ?  Le verbe grec υστερέω au passif est clair= être privé, être soumis aux privations. (Cf. le même verbe est utilisé dans Luc 15 : 14 ; Philippiens 4 :12).
 

3) Troisième élément de réflexion :

 


On dit souvent : personne n’est revenu de la mort pour nous dire ce qui se passe après ! Mais bibliquement, est-ce bien juste ? Lazare dont le corps était en décomposition avancée, en est bien revenu. (Cf. Jean 11 : 43-44)  Et que dire de la résurrection des saints, qui entrèrent à Jérusalem le jour même de la résurrection du Christ ? (Cf. Matthieu 27 : 51-53)  Ces personnes nous ont-elles dit quelque chose sur la beauté du paradis ? Est-il possible d’imaginer que toutes aient été dans la félicité du ciel, et en soient revenues, sans en dire mot ? N’était-ce pas l’occasion ou jamais d’évacuer tout doute, et de nous encourager dans l’aventure de la foi ?  Leur silence n’est-il pas très éloquent ? Contre toute explication théologique, ne plaide-t-il pas en faveur de la conception d’un réel sommeil profond des morts, d’une mise en sommeil de toute activité de vie consciente ou pas ?


4) Quatrième élément de réflexion :

 


Le fait que la croyance en une survivance de l’âme après la mort se retrouve dans toutes les races (Cf. de Broglie, Problèmes et conclusion de l’histoire des religions, 2è éd., p. 21) ne peut-on pas penser que les juifs n’ont pu faire exception à cette croyance ? Il est vrai qu’Abraham a vécu en terre de Chaldée et que le peuple juif est sorti de plus de 4 siècles d’influence égyptienne, mais même si Chaldéens et Egyptiens effectivement avaient cette croyance en une survivance après la mort,  rien ne nous autorise à penser qu’ils aient suivi majoritairement ce courant !


Tous les peuples environnant Israël étaient polythéistes, pourtant, c’est bien le peuple élu qui enseigna envers et contre tout la notion d’un Dieu unique ! Il en est du même à propos du culte des idoles, des sacrifices humains, du jour du sabbat...

Le particularisme d’Israël est justement d’avoir reçu un enseignement différent. Pourquoi le sujet de l’après-mort aurait-il fait exception ?
Les textes anciens comme ceux de Job et de Salomon laissent-ils place au doute ?
« Mais l’homme meurt et s’évanouit, le mortel expire : où est-ils alors ? Les eaux s’échappent du fond du lac, le fleuve tarit et se dessèche. De même, les humains se couchent pour ne plus se relever ; tant que dureront les cieux, ils ne se réveilleront ni ne secoueront leur sommeil...Lorsque l’homme meurt, revivra-t-il ? (s’il en était ainsi), tout le long de ma pénible corvée, je nourrirais de l’espoir... » (Version R.F) Job 14 :10-12,14a
« Un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort. Les  vivants savent du moins qu’ils mourront, tandis que les morts  ne savent quoique ce soit ; pour eux plus de récompense, car leur souvenir même s’efface... Tout ce que tes propres moyens permettent à ta main de faire, fais-le ; car il n’y aura ni activité, ni projet, ni science, ni sagesse dans le Cheol, vers lequel tu te diriges. » L’Ecclésiaste 9 : 4, 5,10 (Version R.F)
Peut-on concevoir que Job et Salomon aient pu avoir ce type de langage s’ils avaient cru à la survivance de l’âme ?  Peut-on imaginer que Dieu les ait privés de cette connaissance, alors qu’une grande sagesse les habitait ?


5) Cinquième élément de réflexion :

 


Les amis de Jésus, comme Marthe et Marie croyaient en la résurrection des morts au dernier jour (Cf. Jean 11 :24). Le Christ n’a pas démenti cette conviction, alors qu’il lui était plus simple de  dire : «  Ne t’en fais pas Marthe, ton frère est déjà au paradis ! » Non ! Le Christ n’a fait que recentrer cette vérité.

 Tout se fera (la résurrection) par lui, et tout peut se faire par lui. Jésus va l’illustrer, faisant un exemple pour tous, en ressuscitant Lazare. L’affirmation faite à Marthe : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même si il meurt »  est à comprendre en correspondance avec la résurrection. Si la foi est présente, la vie l’emportera sur la mort.

Il me semble très difficile d’utiliser ce texte pour affirmer une immortalité de l’âme, car l’exemple de Lazare prouve le contraire. Sinon, Jésus lui aurait-il rendu service en le rappelant du paradis ?


6)  Sixième élément de réflexion :

 


On cite souvent la réponse de Jésus au larron sur la croix : «  En vérité, je te dis aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis » Luc 23 :43
D’une part on oublie que la question du larron était une demande qui concernait le royaume de Jésus à venir. Idem. V. 42 Cela  démontre clairement que la pensée commune, voire  populaire de ce temps, concernait l’espérance d’un royaume à venir et non d’un passage, de suite après la mort, donnant accès à  ce royaume. Sinon, comme pour Marthe, comment comprendre que Jésus n’ait pas saisi l’occasion pour rectifier et préciser! 

 En dehors d’une promesse, comment expliquer que le verbe soit au futur ? (εσή= futur de ειμι= tu seras) N’était-ce pas plus simple de lui dire : «  à tout à l’heure au paradis ? »
De plus, dans nos versions modernes, on joue sur la ponctuation. Effectivement on peut dire :... je te le dis aujourd’hui...= promesse ou ... Je te dis, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis= annonce d’un fait imminent. Or, il faut savoir que dans les écrits grecs du temps de Jésus, la ponctuation n’existait pas. Le texte était d’un seul bloc, avec parfois quelques espaces. Ce n’est qu’à partir du 5è s, avec le travail des massorètes, que s’élabore un travail de ponctuation ; il se poursuivra jusqu’au 11è s. Nos textes français eux-mêmes ne connaissent une ponctuation que depuis les Carolingiens.
S’appuyer sur un argument qui relève de la ponctuation, n’est-ce donc pas aléatoire ?
En fait Jésus répond à la préoccupation de cet homme, qui illuminé par la grâce, voit clair en lui-même, et Jésus va le rassurer en lui faisant une promesse. Il fait de même pour nous dans Jean 14 :1-3. 


D’autre part, Jésus lui-même a déclaré : « De même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre » Matthieu 12 :40


Le Christ affirme qu’il restera 3 jours dans le sein de la terre. Rien n’indique que son âme ait rejoint le paradis pour accueillir l’âme du larron ! Sinon,  ne faudrait-il pas alors concevoir un aller-retour de  son âme ?
Pourquoi chercher à faire compliquer, quand on peut faire simple !


7)  Septième élément de réflexion :

 


Pour l’apôtre Paul, au retour en gloire de notre Seigneur, il n’y aura que 2 catégories de personnes : (Cf. 1 Thessaloniciens 4 : 16-17 ; 1 Corinthiens 15 : 20-23)


- Les morts en Christ ressuscitent. Donc mort // résurrection
- Les vivants sont enlevés dans les nuées. Donc vivant //  enlèvement.


Le but de cette opération et d’être ensemble et toujours avec le Seigneur. Est-il dit qu’il existe une troisième catégorie ? Des âmes qui revenant du paradis viennent nous accompagner, après avoir rejoint un corps ? Non !

 

Et pourquoi ? Parce que l’apôtre insiste, non seulement sur la notion du tous ensemble  du V. 17, mais plus encore sur la notion de justice : «  Nous ne devancerons pas du tout les endormis » V. 16 (Traduction littérale ; φθανω= devancer) Pourquoi ne pas devancer, si ce n’est pour être tous ensemble dans un même processus de fonctionnement ? 

 

 Autrement dit, en aucune manière, ceux qui décèdent avant nous, nous devancerons. Serait-ce le cas si une survivance quelconque était prise en compte ?


L’apôtre Paul sur ce point va rendre un témoignage éloquent :
Pour lui, la rétribution finale lui sera accordée seulement qu’au retour du Christ, pas avant. «  J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais, la couronne de justice m’est réservée ; le Seigneur le juste juge, me la donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais encore  à tous ceux qui auront aimé son avènement » 2 Timothée 4 :7,8
J’observe que le tous ensemble, en un même moment, revient dans le développement de l’apôtre. Cette couronne fait référence à un acte de justice, or nous savons que cet acte est concomitant au retour du Christ. J’ajoute que le verbe grec απο-κειμαι traduit par  réserver, signifie : sens  premier = être placé loin de ; par extension : être mis de coté, en réserve (Cf. Luc 19 :20 ) Alors que Paul déclare au verset 6 que le temps de son départ (du lever de l’ancre, litt.) est arrivé, comment comprendre que la remise de sa « récompense=couronne » soit envisagé loin dans le temps du retour du Christ, si de suite après la mort, il est déjà dans la félicité ?

 


Pour l’apôtre, la finalité spirituelle de toute chose est en rapport avec le retour du Christ : « Que  le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers, et que tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé irréprochable, lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ ! Celui qui vous a appelés est fidèle et c’est lui qui le fera. » 1 Thessaloniciens 5 :23
Le verbe «  conservé » a été aussi traduit  par «  garder » (T.O.B) Le verbe grec τήρέω= veiller sur quelqu’un, garder, conserver, réserver. Tout semble suspendu, en attente de quoi ? 

 

Pour Paul, la finalité du plan du salut sera réalisée par Jésus-Christ. quand ?  L’expression grecque lève toute ambigüité : έν τή παρουσία= Dans la parousie. La préposition έν, a le sens premier de : dans, à l’intérieur de. De même Παρουσία= la présence effective, le retour en gloire de Jésus-Christ. (Cf. Matthieu 24 :3, 1 Corinthiens 15 :23, 2 Pierre 3 :4 etc)


C’est donc bien au retour de Jésus-Christ, et dans cette attente, que tout ce que nous sommes sera gardé. Tout est mis en réserve (en sommeil) jusqu’à ce moment là, et pas avant. Comment dès lors concilier ces marqueurs bibliques importants avec la conception d’une vie après la mort ?  

8)  Huitième élément de réflexion :

 


S’il y a une survivance quelconque après la mort, et que l’âme aille soit au paradis, soit en enfer, comment concilier cette éventuelle réalité avec la notion du jugement ?


Le Christ a été très clair sur ce sujet. Répondant à une question des disciples  sur le temps de son retour, Jésus a déclaré : « Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s’assiéra sur le trône de sa gloire. Toutes les nations seront assemblées devant lui. Il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs ; et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. »  Matthieu 25 :31-34


Le Christ avait déjà attiré l’attention des pharisiens sur le jour du jugement : «  Au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront proférée. Car par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné. » Matthieu 12 : 36,37


Autrement dit, la séparation entre les élus du royaume à venir, et les non-élus, se fera au jour du jugement dernier. Comment comprendre alors, que la destination de l’âme vers le paradis ou l’enfer puisse se faire de suite après la mort ? Est-ce vraiment conciliable ?


9)   Neuvième élément de réflexion :

 


Pour l’apôtre Pierre, son espérance vivante réside dans le fait, que Christ par sa résurrection d’entre les morts, nous a fait renaître spirituellement en vue de recevoir un héritage. 
«  Un héritage impérissable, sans souillure, inaltérable, qui vous est réservé (le verbe grec τήρέω peut être traduit aussi par garder, conserver) dans les cieux, à vous qui êtes gardés par la puissance de Dieu, au moyen de la foi, pour un salut prêt à être révélé dans les derniers temps » 1 Pierre 1 : 4,5 (traduction Nouvelle Bible Segond)


Cet héritage est pour les derniers temps. A quelle époque pour Pierre ? Au retour du Christ. (Cf. 1 Pierre 1 : 7) Est-ce possible d’articuler cette réalité avec l’obtention, dans les minutes qui suivent la mort, d’une félicité éternelle ?
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              

10)  Dixième élément de réflexion :

 


Il en est de même pour l’apôtre Jean. Rapportant les paroles de Jésus, il écrit :
« Que votre cœur ne soit pas troublé, croyez en Dieu et croyez en moi. Il y a de nombreuses demeures dans la maison de mon Père. Sinon, vous aurais-je dit que je vais vous préparer une place ?  Et lorsque je (m’en) serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viens et je vous prendrai auprès de moi-même, pour que là où je suis, vous y soyez aussi. » Jean 14 : 1-3


Ce «  à nouveau je viens » ne peut que concerner son prochain retour. Tout est en préparation dans l’attente de ce jour glorieux. Les anges ont attesté ce fait à l’ascension du Christ : « Hommes Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu allant au ciel. » Actes 1 : 11


J’observe que pour les croyants de la première église, le retour du Christ constituait la bienheureuse espérance. (Cf. Tite 2 : 11-13)
Dans son infini bonté, le Christ a voulu apaiser cette crainte séculaire que nous avons face à la mort. Sa promesse est là pour combler cette peur du vide et de l’oubli. On a peur d’être oublié par Dieu, mais n’est-ce pas tout simplement manqué de foi ?

 

Dieu n’a pas besoin de voir venir à lui une âme spirituelle pour se souvenir de nous. Nous sommes inscrits dans sa mémoire vive et le disque dur de son amour est d’une puissance illimité. Que notre cœur ne se trouble point. Comme le dit si bien Pierre : «   Celui qui fonde sa foi sur elle (la pierre=J.C) ne sera pas confus. (Ou ne sera jamais pris de honte, N.B.S). » 1 Pierre 2 : 6


Rappelons ici les paroles fortes de Jésus à Marthe : « Celui qui dirige sa foi vers moi vivra, même si il meurt et tout vivant qui dirige sa foi vers moi ne mourra pas pour l’éternité » Jean 11 : 25-26 Il n’est pas question de ne pas mourir ; certains l’ont compris avec la traduction : « ne mourra jamais ». Or le jamais n’est pas dans l’original.

 

Le texte dit même le contraire. Il est simplement question de ne pas être séparé de Christ et de Dieu pour l’éternité.
Dans le texte grec, il s’agit de l’expression : είς τόν αίώνα=   pour l’éternité. Jean dans sa lettre (1 jean 2 : 18) utilise exactement la même expression, et elle est traduite par : pour l’éternité ou éternellement. Autrement dit, le vivant n’a rien à craindre de l’avenir. S’il a la foi, il est assuré de ne pas rester dans la mort éternellement. La mort est donc le passage obligé de tous, y compris de ceux qui ont foi en l’éternité.


L’Ecclésiaste a raison de dire : « Dieu fait toute chose belle en son temps ; même il a mis dans leur cœur (de l’homme) la pensée de l’éternité, bien que l’homme ne puisse pas saisir l’œuvre que Dieu fait, du commencement jusqu’à la fin. » Ecclésiaste 3 :11

 

  Nous avons conscience que la vie doit triompher, sinon cette fin est un non-sens ; mais pour que ce triomphe se réalise, il faut accepter le suprême lâcher-prise de la mort ; autrement dit s’abandonner dans l’attente d’une relation nouvelle et glorieuse. C’est une justice qui me plait : que toute ambition, prétention, vanité humaine finisse dans la poussière. (Cf. Ecclésiaste 3 :19) 


Comment dès lors concilier cette analyse avec une notion de survivance qui nous placerait déjà dans  une félicité promise ?


11) Onzième élément de réponse :

 

 

Si, comme le pensent beaucoup, l’âme sort du corps pour aller vers Dieu, pourquoi rien ne l’indique clairement ? Jésus a même affirmé le contraire : «  Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel » Jean 3 :13 ; «  Nul n’est monté au ciel... » (T.O.B.)


Si l’âme voyage où va-t-elle alors ?
De plus, l’apôtre Paul, parlant de la justice qui vient de la foi, a cette phrase surprenante : « Ne dis pas dans ton cœur : Qui montera au ciel ? » Romains 10 :6
Autrement dit, ne te préoccupe pas de ce qu’il adviendra plus tard, l’important c’est l’aujourd’hui. Que dit donc cette justice qui vient de la foi ? « La parole est près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur. Or, c’est la parole de la foi que nous prêchons. Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car c’est en croyant du cœur qu’on parvient à la justice, et c’est en confessant de la bouche qu’on parvient au salut... » Romains 10 :8-10

 

12)  Douzième élément de réflexion :

 


Quels sont les mots qu’utilise la Bible pour décrire l’état des morts :
 
• L’empire du  silence : Psaume 115 : 17 (version R.F) ; Psaume 94 :17
• Absence d’espérance et de louange : Esaïe 38 :18
• Plus conscience de la présence de Dieu : Psaume 6 : 5,6
• Inconscience, inactivité totale : Ecclésiaste 9 : 5, 6,10 ; Job 14 :21 ; Psaume 146 :4
• Paix : 2 Rois 22 : 20 (Version R.F.)
• Sommeil : (le plus utilisé) Daniel 12 : 2,13 ; Psaume 13 : 4 ; 1 Rois 11 :43, 2 Rois 20 : 21 ; Jean 11 :11-14, Luc 8 : 52-55, Actes 7 :60, Actes 13 :36 (Version abbé Crampon)  1  Thessaloniciens 4 : 13-15 (version abbé Crampon)  1 Corinthiens 15 :6, 18, 20,51 etc...
Les chrétiens de la première église se référaient de préférence à cette notion. La philologie confirme la conservation de cette pensée, car le mot cimetière signifie dortoir, et il vient de la même racine que les mots grecs usités dans le Nouveau Testament.
Comment  donc expliquer l’absence de trace d’une survivance après la mort ?


13) Treizième élément de réflexion :

 


Job s’est posé la question essentielle : « L’homme meurt et s’évanouit, le mortel expire : où est-il ? Les eaux s’échappent du fond du lac, le fleuve tarit et se dessèche. De même, les humains se couchent pour ne plus se relever ; tant que dureront les cieux, ils ne se réveilleront ni ne secoueront leur sommeil. » Job 14 : 10-12


Le contexte de ce passage nous éclaire sur la réflexion de Job. Il utilise une comparaison très parlante : «  Car pour l’arbre, il est encore de l’espoir ; si on le coupe il peut repousser, les rejetons ne lui manquent pas...Il suffit qu’il sente l’eau pour reverdir et produire un branchage, comme si il était nouvellement planté. Mais l’homme meurt... » Job 14 :7-9 (Version R.F.)


Si Job, le juste devant Dieu, avait eu quelque espoir dans un prolongement de vie après la mort, pensez-vous qu’il aurait tenu ce langage ?


14)  Quatorzième élément de réflexion :

 


Pourquoi déclarer l’homme possédant une âme immortelle, alors que la Bible affirme clairement que Dieu seul possède l’immortalité de Dieu ? Nous n’avons pas la prétention de nous faire l’égal de Dieu comme Satan !
« Dieu qui donne la vie à toutes choses...Lui seul possède l’immortalité ... 1 Timothée 6 : 13,16
y-a-t-il seulement un seul texte qui parle aussi distinctement d’âme immortelle ?


 On observera qu’il y a une cohérence dans l’ensemble de la révélation écrite, soit de l’Ancien, soit du Nouveau Testament.
En conséquence de quoi, ne conviendrait-il pas de s’interroger sur les origines de cet enseignement de l’immortalité de l’âme ?


15) Quinzième élément de réflexion :

 


D’où peut bien venir cette notion d’immortalité de l’âme ?
On pense de suite aux égyptiens. Ils entouraient la mort avec tellement de soin ! En s’appuyant sur une déclaration de l’historien Hérodote, on a prétendu trouver la justification de cette croyance. Même si la notion de survivance est évidente, (l’âme va rencontrer les étoiles, c’est la version antique ; puis habiter le soleil, version panthéiste plus tardive) il est communément admis par les spécialistes que les égyptiens ne croyaient pas à l’indestructibilité de l’âme.

 

 Il faut donc se tourner vers les grecs pour  trouver clairement exprimée la notion d’immortalité de l’âme dans  « Le Phédon » de Platon (427-347 av. J.C) Mais en remontant le temps, on voit que cette compréhension est totalement absente, en Grèce, avant le 6è s. av. J.C. Elle n’apparaît qu’à cette date  dans le courant religieux issu du mythe d’Orphée, d’où l’Orphisme. D’ailleurs deux notions se trouvaient réunies : l’immortalité de l’âme et la réincarnation, sorte de syncrétisme de la pensée  universelle. Pythagore fut séduit par cet enseignement, et il le transmit au célèbre philosophe  Platon, et c’est le disciple de ce dernier, Aristote qui va bien structurer la notion de l’immortalité de l’âme (1). D’autres philosophes font affiner le concept et le rendre encore plus évident pendant les siècles à venir.


L’église chrétienne n’est pas à sa naissance sensible à ce discours, mais fini par l’être progressivement dès la fin du 2è s. Au 3è s, Tertullien et Origène reprennent le sujet timidement.

 

Mais, c’est Saint Augustin dans son désir d’assujettir la notion païenne de l’immortalité de l’âme, qui va la christianiser. D’autres, comme Saint Thomas d’Aquin suivront dans cette apologie, et ce n’est qu’en 1513 au concile de Latran V que le dogme de l’immortalité de l’âme prendra place officiellement dans la doctrine de l’Eglise Catholique, Apostolique et Romaine.

 

On comprend qu’en regard de l’histoire, l’Eglise Catholique ait du mal aujourd’hui à en parler.
Claude Bouchot résume bien le propos en écrivant «  à présent, comme en témoigne l’Encyclopédie catholique pour tous, l’Eglise, à propos de la notion d’âme, semble  avoir du mal à répondre aux critiques de la pensée moderne : «Il est évident que l’histoire de la conception de l’âme explique les difficultés que rencontre aujourd’hui l’Eglise pour en parler.»  «Le triomphe de la notion d’immortalité de l’âme est, en définitive, [écrit Charles Gerber] une victoire de l’orgueil humain». Et cet auteur de citer Aloys Berthoud : «Le dogme de l’immortalité de l’âme est la résultante de l’instinct inné de notre race et d’une raison superbe, ivre de ses facultés. C’est bien, en un sens, ce que l’homme a de plus excellent ; mais c’est la créature se divinisant elle-même dans l’oubli de sa déchéance. C’est l’homme naturel dans le plein épanouissement de son génie, et qui, parce qu’il lui a poussé des ailes, comme au vermisseau devenu papillon, se croit en mesure de défier l’espace et le temps et la mort : orgueil titanesque qui se sent de taille à escalader l’Olympe ! Hélas, c’est toujours l’esprit de la Tour de Babel qui, par ses propres forces et en dépit de Dieu même, se flatte de monter jusqu’au ciel.»  (Claude  Bouchot, l’immortalité de l’âme,  conception humaine ou révélation biblique ? p.3, art. sur le Web)


Il est à noter que l’Eglise Catholique reconnaît, dans son encyclopédie catholique pour tous, que « La Bible ne distingue pas clairement en l’homme le corps et l’âme, division qui trouve son origine dans la philosophie grecque ... L’homme selon la Bible est un tout » (Théo, l’encyclopédie catholique pour tous, Droguet-Ardant/ Fayard, 1992, p. 718,720) et dans une note de la Bible de Jérusalem, il est dit : « La Bible ne distingue pas clairement en l’homme le corps et l’âme, division qui trouve son origine dans la philosophie grecque...l’homme selon la Bible est un tout » Bible de Jérusalem, Cerf, imprimatur : 23-7-1973, p. 1663


« Selon l’anthropologie biblique dominante, le passage de l’être-en-vie à l’être-sans-vie n’est pas conçu comme la séparation de l’âme et du corps, mais comme la perte de toute vitalité : la vie s’arrête... Le mort (gr. nekros) n’est plus l’  « âme vivante » qu’il était devenu par la création, car l’esprit l’a quitté pour retourner à Dieu, seul immortel.

 

Dans le NT, la mort (gr. Thanatos) est envisagée dans un contexte de résurrection, non pas d’immortalité » Dict. Xavier Léon-Dufour, 2è éd, éd. du Seuil, p.378


La difficulté avec la notion de l’âme provient du fait que le mot nèphèch en hébreux et psychè en grec sont très riches de sens. Une étude anthropologique ne serait-ce que de l’ancien testament, nous ferait découvrir des sens insoupçonnés. Roland Meyer donne quelques traductions possibles sur nèphèch :  «  vie, personne, être, gorge, gosier, appétit, souffle, mort (décès/défunt), cœur, existence, désir, homme, estomac, propre (spécifique),bouchée,dépouille,profond,ventre,glouton,individuel,râle,respiration, voracité, collier, haleine, palais, (bouche), gueule, faim, soif, courage, cadavre, tête, moi, âme.

 

Dans l’anthropologie de l’Ancien Testament,  l’expression nèphèch, n’est jamais accompagnée de la notion d’immortalité. Cette expression n’est pas utilisée pour signifier une entité céleste ou divine qui prendrait place dans un corps. Elle exprime l’être en tant qu’il est mortel face à Dieu qui est immortel. » (Document sur l’anthropologie de l’âme, polycopié de conférence)


En résumé, ce concept d’origine païen  de l’immortalité de l’âme, n’est pas compatible avec la conception biblique de la mort. Venant de tous bords, catholiques et protestants, récusent de plus en plus cette déviance historique. (Cf. citations en fin d’exposé)

 

16)  Seizième élément de réflexion :

 

 

Pour faire la démonstration, que  ce qui concerne l’après-mort appartient à Dieu, et pas à l’homme, Dieu a donné des instructions précises concernant tout se qui gravite autour de la mort. Ces instructions auraient-elles été nécessaires s’il n’y avait pas eu un danger de confusion et de séduction ?


Qu’on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui exerce le métier de devin, d’astrologue, d’augure, de magicien, d’enchanteur, personne qui consultent ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Eternel ; et c’est à cause de ces abominations que l’Eternel, ton Dieu, va chasser ces nations devant toi. Deutéronome 18 : 10-12


« Si l’on vous dit : Consultez ceux qui évoquent les morts et ceux qui prédisent l’avenir, qui poussent des sifflements et des soupirs, répondez : Un peuple ne consultera-t- il pas son Dieu ? S’adressera-t-il aux morts en faveur des vivants ? A la loi et au témoignage ! Si l’on ne parle pas ainsi, il n’y aura point d’aurore pour le peuple » Esaïe 8 : 19-20 (Voire encore Lévitique 19 : 31 ; 20 :6,27)


Le premier roi d’Israël Saül n’a pas suivi ces conseils de Dieu, et dans son désarroi, il alla consulter une femme qui évoquait les morts. Il rencontra cette femme à En-Dor   (Cf. 1 Samuel 28 : 7-25 ; 31 :1-6) On sait ce qu’il advint par la suite ; abandonné de Dieu, Saül se donna la mort sur un champ de bataille. Pourtant, pendant sa royauté Saül avait un temps suivi les recommandations pertinentes de Dieu ! (Cf. 1 Samuel 28 :3)


Le danger est manifestement d’incliner vers le spiritisme. « Le spiritisme est d’une part la croyance à l’existence  d’esprits (doctrine), et d’autre part le fait de communiquer avec eux au moyen de certains agents ou procédés (phénomène). » (Glardon, cité par Charles Gerber dans le chemin du salut, 17è étude sur le spiritisme)
Ceux qui viennent de perdre un être cher sont dans un grand vide affectif. N’ayant pas d’espérance, ils sont prêts à faire n’importe quoi pour prolonger la relation, et le spiritisme est là pour leur tendre les bras.

 

 C’est un terrain dangereux, Dieu nous a mis en garde sur ce point. Croire que la vie se poursuit  après la mort, n’est-ce pas donner envie d’entrer en contact avec elle, surtout quand il s’agit d’être que l’on a beaucoup aimé ?

 

    17)    Dix-septième élément de réflexion :

 

 

Si une survivance quelconque de la personne se poursuit dans le ciel, pourquoi prier pour elle ? Soit, elle est au paradis, et c’est elle qui devrait prier pour nous, pauvres humains, (encore dans notre corporéité charnelle) soit elle est en enfer, et on ne peut plus rien pour elle. De ce fait, à quoi sert notre prière pour les morts ? Ne doit-on pas   concentrer notre intercession en faveur des vivants et faire confiance à Dieu pour la suite qu’il donnera à chacun ?

 

18)    Dix-huitième élément de réflexion :

 

 

Si l’homme est immortel, comme  Satan le prétendait en Eden, cela laisse supposer qu’il avait raison et à fortiori que Dieu est menteur. Peut-on  un seul instant penser que les rôles puissent être inversés et que ce soit Dieu qui nous ait alors trompés ? (Cf. Genèse 3 :4,5) On voit bien poindre une question de non reconnaissance de l’autorité de Dieu, notre créateur. Sommes-nous bien conscients de cet enjeu ?

 

19)     Dix-neuvième élément de réflexion :

 

 

Dans le même ordre d’idée, comment se fait-il que des sectes satanistes (comme au Québec), soutiennent vivement l’enseignement de l’immortalité de l’âme et combattent avec virulence la position chrétienne du sommeil des morts dans l’attente de la résurrection glorieuse au retour du Christ ? (Lire l’expérience de Roger Morneau, contacté et enseigné par la secte, dans son ouvrage : Au cœur du surnaturel, éd. Vie et Santé 1999, p. 42, 43,56-61,76)

 

  Dans ce témoignage il est clairement expliqué pourquoi les œuvres des ténèbres ont grandement intérêt à ce que les foules croient à l’immortalité de l’âme, alors qu’elles savent que quand une personne décède, elle périt complètement sans plus avoir conscience de quoique que ce soi. (Cf. idem p. 76)

 

20)   Vingtième élément de réflexion :

 

 

Il est légitime que nous aspirions à l’immortalité, c'est-à-dire, d’entrer dans une phase de vie éternelle. L’apôtre Paul nous encourage non seulement à y aspirer, mais plus encore, à la rechercher : « Dieu, qui rendra à chacun selon ses œuvres : vie éternelle pour ceux qui, par leur persévérance à bien faire, recherchent gloire, honneur  et incorruptibilité » Romains 2 : 6,7


Incorruptibilité : Le mot grec αφθαρσία= c’est une incorruptibilité définitive, on peut aussi traduire comme Segond : immortalité. L’apôtre Paul met cet état en correspondance avec la résurrection des morts. (Cf. 1 Corinthiens 15 : 42) Il le met aussi en relation direct avec l’amour. Dans Ephésiens 6 :24 le même mot grec est utilisé. On pourrait traduire : amour incorruptible, immortel.


Comment concevoir que l’apôtre nous invite à rechercher quelque chose que nous aurions déjà et qui se perpétuerait  après la mort ?

 

21)   Vingt et unième élément de réflexion :

 

 

L’apôtre Paul déclare « Mais quelqu’un dira : Comment les morts ressuscitent-ils, et avec quel corps viennent-ils ? »  1 Corinthiens 15 : 35 

 

Comme nous l’avons déjà dit, la question n’est point de savoir comment les âmes immortelles vont réintégrer un corps. Mais de quel nature sera le nouveau corps des rachetés ?

A cela Paul répond : «  le corps est semé corruptible ; il ressuscite incorruptible ; il est semé méprisable, il ressuscite glorieux ; il est semé infirme, il ressuscite plein de force ; il est semé corps naturel, il ressuscite corps spirituel...Et de même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste. » 1 Corinthiens 15 : 42-44,49


Pourquoi ressusciterait-il corps spirituel si l’âme est déjà spirituelle après la mort ? N’est-ce pas seulement qu’à la résurrection, que l’image du céleste suivant l’expression de Paul, sera effective ?


Commentant ce passage, le Vocabulaire Biblique de Neuchâtel 1956, p. 189, dit :
« ... Le Nouveau testament ne laisse nulle part s’infiltrer l’idée grecque de l’immortalité de l’âme. Pourquoi ? D’abord, parce que l’homme n’a pas en lui la garantie de son existence (Dieu seul est immortel) ensuite parce que croyant que le salut ne supprime pas mais transforme la création de Dieu, il n’imagine pas une existence éternelle ailleurs que sur la nouvelle terre (2 Pierre 3 :13) et dans un nouveau corps »

 

22)    Vingt deuxième éléments de réflexion :

 

 

Concernant le sort des humains, peut-on concevoir pour ceux qui n’auront pas cru en Dieu, un châtiment éternel ?

 

Est-ce vraiment compatible avec l’affirmation d’un Dieu qui est l’essence même de l’Amour ?

 

Serait-il juste que des êtres humains qui ont assumé leur volonté de refuser le plan de Dieu paient pour l’éternité ?

 

Autrement dit que des êtres humains passagers et voyageurs sur cette terre, donc non-éternels, soient condamnés éternellement ?

 

S’il en était ainsi la justice divine ne serait-elle pas  sujette à caution ? 

 

Aucune transgression ne peut avoir un châtiment éternel, sinon l’autorité de Dieu peut être remise en cause. Un Dieu qui n’a de recours qu’à une peine éternelle démontre que sa justice a une faille, puisqu’aucune sanction ne peut effacer la transgression.

 

 Aurait-il fallu que Christ reste éternellement en croix ? L’explication biblique est simple, ce n’est pas le châtiment  qui sera éternel, mais bien les conséquences de ce châtiment.

 

 Comment cela ? Dieu est la Vie et en refusant d’entrer dans sa relation, on se dirige nous-mêmes vers le néant. Le châtiment suprême est tout simplement, que ceux qui auront refusé l’amour de Dieu, ne seront plus éternellement. Dieu respectera leur choix jusqu’au bout. (Cf. 2 Thessaloniciens 1 :9,10 ; dans ce passage, c’est la ruine qui est éternelle)
Le feu éternel cité dans Matthieu 25 :41 a le sens d’un feu purificateur qui agit pour toujours.

 

Autrement dit, pour que le royaume de Dieu prenne place, il faut que la purification soit faite pour l’éternité. C’est le coté irréversible des situations qui est éternel. Je n’en veux pour preuve que le feu de la géhenne (Cf. Marc 9 :43) Vous   pouvez aller de long en large à Jérusalem, vous ne trouverez plus le feu de la géhenne. C’est bien que cette expression, comme celles « tourmentés jour et nuit » ou « aux siècles des siècles » ne sont pas toujours à prendre à la lettre.

 

 Sodome et Gomorrhe ne sont plus. Vous pouvez aller en Israël, du coté de la mer morte, vous ne verrez pas de fumée. Et pourtant Jude déclare que ces villes « sont données en exemple, soumises à la peine d’un feu éternel » Jude 7(N.B.S). Ce ne sont donc pas les faits qui sont éternels, mais bien leurs conséquences !


Conclusion :

 

Sur un sujet si délicat, j’ai pour réflexe quand il y a des textes difficultueux  (certains en partie chez l’apôtre Paul, dixit l’apôtre Pierre, Cf. 2 Pierre 3 : 15,16) de partir de  l’étude de textes simples vers les complexes, de l’enseignement du Seigneur, vers celui des apôtres et des prophètes.  Je considère que tout ce qui a été, et est utile pour notre salut, a été délivré par le Seigneur.

 

Or, il émerge de son enseignement que l’immortalité est conditionnelle « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui  ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » Jean 3 :16 Il ressort donc de cette affirmation que l’immortalité est conditionnelle.


La transformation des corps se fera à la résurrection des morts, au retour du Christ. (Cf. Matthieu 22 :28-30) Quand le Christ reviendra, il y aura le jugement dernier et l’établissement des élus dans le royaume éternel ; (Cf. Matthieu12 : 36,37 ; 25 : 31-34)

 

 La grande espérance chrétienne repose sur le triomphe de la vie sur la mort, comme Lazare en fut le type. « Dieu n’est pas Dieu des morts, mais des vivants » Matthieu 22 :32b  Le Seigneur, à son retour, enverra ses anges avec la trompette retentissante, et que feront-ils ? «  Ils rassembleront ses élus des quatre vents, d’une extrémité des cieux à l’autre » Matthieu 24 :31. C’est donc bien le triomphe de la vie sur la mort. La victoire finale sur la mort est déjà programmée, Paul en parle magnifiquement (Cf. 1 Corinthiens 15 :54-58)

 

 Mais tout se réalisera à la résurrection des morts, pas avant !
Alors, le fait que cet enseignement de l’immortalité de l’âme perdure avec tout le commerce qui lui est rattaché,  et qu’il soit majoritairement admis, ne devrait pas nous étonner. Une opinion majoritaire n’a jamais été une preuve irrécusable de vérité. Le Christ, notre référent, en vécu la triste réalité. 


La position du sommeil des morts sollicite davantage la foi, car elle nous oblige à un lâcher-prise total, un abandon aux promesses de Dieu. La foi n’est-elle pas plus sollicitée dans une attente que dans une présence ?

 

 La mort est le temps d’attente qui sera ponctué d’un réveil certain. La résurrection est le passage d’une position où on est couché à une position où l’on se dresse, où l’on se met debout, où l’on est relevé pour être en situation de marche (en grec αναστασις Cf. Luc 14 :14 ; Jean 11 :25 ou encore le verbe εγείρω Cf. Marc 9 :27, actes 10 :26 ; Jacques 5 :15 ; Matthieu 10 :8).

 


J’attire votre attention sur le fait que l’adhésion à la doctrine de l’immortalité de l’âme peut aussi comporter certains dangers. Car si l’adversaire de Dieu, dès le départ, a voulu nous faire croire qu’on ne mourrait pas, ce n’est pas pour rien. Derrière un positionnement se cache un enjeu d’autorité, de pouvoir et de suprématie. Satan connaît parfaitement nos fragilités et nos faiblesses affectives. Elles sont exacerbées au moment du deuil. Et si en plus, nous avons eu tendance à avoir un comportement fusionnel avec nos proches, alors le danger s’accroit. La séparation devenant insupportable nous place sur une pente, qui insidieusement peut nous conduire au spiritisme. Je ne fais ici que retraduire mon expérience personnelle pastorale, non pour épouvanter, mais pour prévenir. (// Principe de précaution)

 


D’autre part le débat sur l’immortalité de l’âme pose en toile de fond le dilemme dans le choix référent entre une tradition ecclésiale et la Parole de Dieu (La Bible).Il est vrai que l’homme a besoin de croire que la vie ne s’arrête pas à la mort. Il a besoin d’être rassuré face à ses peurs, ses angoisses et ses incertitudes. Il est normal qu’il se soit forgé à travers les siècles, un enseignement sur mesure qui puisse l’apaiser même si sa conviction est incertaine. On s’est donné des réponses qu’on est incapable de vérifier (qui peut dire par exemple, à partir de quand, l’âme est devenue immortelle en l’homme ? De toute éternité ? Alors on est Dieu ! En un certain temps ? Alors elle est mortelle !)

 

Dans une ambiance de déception croissante, notre monde de plus en plus sécularisé, a tout intérêt à continuer à prodiguer un enseignement qui réponde à un besoin bien humain, sans tenir compte de l’avis de Dieu. Qu’importe si cet enseignement ne correspond pas à l’enseignement biblique pourvu qu’il soit  apaisant.


Il est facile de marginaliser les tenants de l’enseignement biblique du sommeil des morts. Marcel Pagnol a eu cette réplique sublime : « Avant d’accuser le puits d’être trop profond, le sage vérifie si ce n’est pas la corde qui est trop courte ». Il y a aussi cette pensée plus populaire : « Ce n’est pas parce qu’une rumeur ne tient pas debout qu’elle cesse de courir ! »

   
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, je suis fier de m’inscrire en faux contre ce correctement établi. J’ai pris le risque, en abordant ce sujet de me placer sur le terrain de la contradiction, mais étant libre de mes propos, je n’engage aucune institution. Je revendique ma joie d’être indépendant des hommes et dépendant de Dieu.  Mais je suis loin d’être le seul, de tous bords des voix se lèvent (* Cf. citations annexes).

 

 J’arrête là provisoirement la réflexion, mais elle va se poursuivre et s’enrichir dans le temps, en s’actualisant au gré de mes recherches. J’espère n’avoir choqué personne, j’ai simplement essayé dans un langage direct d’apporter ma contribution à la recherche du vrai.
« La force de la vérité est qu’elle dure » (sagesse de Ptahotep, 3è Millénaire av. J.-C) 
« L’homme comprend seulement avec beaucoup de difficulté ce qu’il ne désire pas comprendre en son for intérieur. Il ferme instinctivement son intelligence devant des faits qui le contraignent à abandonner ce qui lui plaît. »  Alexis Carrel

                                                                                                                                                                             Jacques Eychenne

 

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Documentation complémentaire:


                                                                                                               

(1)  « C’est en fonction de la vie menée que l’âme sera libérée du corps, sa prison. Si l’âme vit mal dans le corps de l’homme, à la mort de celui-ci elle s’incarnera dans le corps d’une femme. Si la punition n’est pas suffisante, elle devra s’incarner dans le corps d’un animal ! Pour Platon, l’âme immortelle est une parcelle divine. Seule la pratique de l’ascèse et de la philosophie peut aider l’âme à se libérer du corps ; c’est alors qu’elle sera en mesure de contempler le Souverain Bien dont elle provient. Non seulement l’âme est immortelle, mais elle est éternelle. Son existence dans le corps n’est que passagère. » Roland Meyer, Le retour à la vie, p.26, éd. Signes des Temps.
* Annexe : Citations de personnalités
Claude  Bouchot : « L’immortalité de l’âme est une pensée qui remonte à des millénaires, un prétexte pour nier la mort en même temps qu’une thèse rassurante - quoique incertaine et non vérifiable - répondant (imparfaitement) à l’angoisse de l’au-delà mystérieux. Depuis longtemps aussi, une idée considérée généralement comme “irréfutable“ fortement ancrée dans la plupart des croyances, mais surtout une doctrine paraissant difficilement compatible avec le message limpide de la résurrection révélé dans la Bible. » Claude Bouchot  (internet // bouquetphilosophique/ame.html)


Jacques Ellul, (ancien  professeur à l’université de Bordeaux)  disait en 1985 lors d’une interview : «Il y a eu une contamination par la pensée grecque, concernant l’immortalité de l’âme. Dans la pensée juive, la mort est totale. Juive ou chrétienne, de toute façon, puisque les deux Testaments de la Bible ne s’opposent pas du tout. Il n’y a pas d’âme immortelle. Il n’y a pas de division entre le corps et l’âme. Il n’y a, à la mort, aucune séparation entre ces deux choses. L’âme est mortelle, parce que le corps l’est. Mais il y a résurrection [...] Or la philosophie grecque va faire pénétrer cette notion d’âme immortelle chez les théologiens. Puis, comme c’était une croyance répandue dans les religions populaires, elle va être intégrée au christianisme. Mais c’est une perversion totale par rapport à la pensée biblique !» (Interview dans le journal SDT, n° 503, éd. Vie et Santé, mai 1985)


 Le Professeur Charles Wackenheim abonde dans le même sens : «Les Hébreux ignorent le culte des morts compris au sens des Egyptiens [...] Dans la perspective de la Bible, on ne peut pas envisager une doctrine de l’immortalité de l’âme, tout simplement parce que l’homme biblique n’est pas doté d’une âme immortelle telle que Platon l’avait conçue.» (Wackenheim Charles, immortalité de l’^me ou résurrection des morts ? Conférence à l’université du 3è Age, Année 85/86, cycle Théologique, Strasbourg, cité par Claude Bouchot, op.cit.)


Le pasteur Roger Mehl, professeur à la Faculté de Théologie protestante de l’Université de Strasbourg : «L’âme [écrit-il] n’est pas un îlot de divinité qui se trouverait enfermé dans un corps mortel. L’âme participe au sort de la personne tout entière […] C’est donc la mortalité de l’âme que le christianisme enseigne. La rupture avec la philosophie est ici éclatante.»  (Notre vie et notre mort, 1953, p.56, idem op.cit. Claude Bouchot)


Le  théologien Philippe-Henri Menoud : «L’idée de l’immortalité de l’âme et la foi en la résurrection des morts ne sont pas des affirmations plus ou moins équivalentes […] Ce sont, au contraire, deux conceptions situées sur deux plans totalement différents et entre lesquelles il faut choisir. L’espérance chrétienne n’a pas son point d’appui dans la croyance en l’immortalité de l’âme humaine. Le Nouveau Testament ne fait pas la moindre allusion à cette théorie. Ce dernier n’enseigne pas, à la manière de la philosophie grecque, l’immortalité naturelle de l’âme humaine, comme s’il suffisait d’être délivré du corps pour vivre éternellement.» (Philippe-Henri Menoud, le sort des trépassés d’après le nouveau testament, Neuchâtel, 1945, p.9, 17,50)


 Roland de Pury,  pasteur évangélique suisse, il voit dans le «dogme païen (platonicien ou stoïcien) de l’immortalité de l’âme», une «solution humaine devenue pour beaucoup la solution chrétienne» et qui «tend insidieusement à se confondre avec la promesse de l’Evangile. Les ravages que ce dogme a faits dans la prédication chrétienne sont incalculables et bouleversants, car il finit par être le fondement de la plupart de nos discours funéraires. Quelle ironie dans le fait que le peuple qui fut de tous le plus attaché à cette croyance, et qui nous en a laissé les témoignages les plus émouvants, soit le peuple d’Egypte, celui sur lequel la Bible fait peser la malédiction de Dieu ! Alors que la Bible elle-même, sur quoi doit reposer notre prédication, ne contient nulle part la moindre trace d’une croyance à l’immortalité de l’âme.» (Roland de Pury, présence de l’Eternité, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1946, p.150)


 Christian Delorme, prêtre à Lyon, écrit dans l'historique Pèlerin : «Avec vous, je peux interroger les données bibliques. J'y trouve ainsi deux grands courants. Pour l'un, conforme à la mentalité sémitique, il n'y a pas de distinction possible entre l'âme et le corps. A la mort, c'est l'homme tout entier qui disparaît, en attendant le jour où il sera relevé par Dieu d'entre les morts. Mais il y a aussi un autre courant, certainement influencé par la pensée de Platon, qui admet dans l'homme la présence d'une âme immortelle, distincte de son corps mortel [...] Dieu est dans l'éternité et non pas inscrit comme nous, mortels, dans la temporalité.» (Christian Delorme, l’âme et le corps, Le Pèlerin n°6442, 18 mai 2006, p.12)


 Louis Dingemans, théologien dominicain,  (Il a notamment enseigné la sociologie à Rome et participé, pendant le Concile Vatican II, à la rédaction de la Constitution pastorale Gaudium et Spes) : «J’ai beau scruter les Ecritures, je n’y trouve pas trace d’une âme immortelle, aucune confirmation de cette définition de l’homme donnée par le petit catéchisme de Malines de mon enfance : “L’homme est une créature de Dieu, composé d’un corps mortel et d’une âme immortelle”. Par contre, je trouve dans le Symbole des Apôtres cette affirmation : “Je crois en la résurrection de la chair”. En fait, la théologie hébraïque ne faisait aucune allusion à la séparation de la chair et de l’esprit, tout en sachant bien que nous vivions concrètement des tensions entre les aspirations de notre esprit et la pesanteur de notre corps. Mais l’anthropologie juive n’était pas du tout dualiste [...] D’où vient donc cette âme immortelle ? Ce thème a pénétré la pensée chrétienne sous l’influence de l’anthropologie dualiste des philosophes grecs, principalement de Platon. Il ne pouvait pas imaginer que l’esprit humain capable d’abstraction puisse périr en même temps que le corps dont il était en quelque sorte prisonnier. Même si d’autres philosophes comme Aristote associent davantage le corps et l’esprit, ils restent dans la lignée platonicienne. Cette dernière n’est pas seulement étrangère à la pensée hébraïque, mais elle l’est aussi à la science moderne [...] Notre cerveau est plus qu’un ordinateur incroyablement perfectionné. Mais cependant, l’idée d’une âme ou d’un esprit séparé du corps et fonctionnant indépendamment de lui est devenue totalement étrangère à la pensée scientifique. Je crois donc à la résurrection de la chair, c’est-à-dire de l’homme tout entier et non pas à une survie naturelle d’une âme immortelle. Les théologiens imprégnés du dualisme grec ont d’ailleurs dû se livrer à d’étranges contorsions en distinguant deux jugements de Dieu : en premier lieu le jugement particulier de chaque âme immortelle aussitôt après la mort du corps et en second lieu le jugement dernier où le corps ressuscité vient rejoindre l’âme [...] Je n’ai pas d’âme immortelle, et la résurrection que j’espère n’est pas un fruit de ma nature. Elle est pur don gratuit de Dieu et c’est en cette infinité de sa bonté que je mets ma confiance.» (Louis Dingemans, la résurrection sans âme immortelle,
www.predication.org., novembre 2007)


Oscar Cullman, Professeur à l’université de Paris et de Bâle : « Le fait que le christianisme ultérieur ait établi, plus tard, un lien entre les deux croyances et que le chrétien moyen les confonde aujourd'hui purement et simplement, n'a pas pu nous inciter à nous taire sur ce qu'avec la grande majorité des exégètes nous considérons comme la vérité, et cela d'autant moins que le lien qu'on a établi entre l'attente de la «résurrection des morts» et la croyance à «l'immortalité de l'âme», en réalité, n'est pas un lien, mais un renoncement à l'une en faveur de l'autre : on a sacrifié le chapitre 15 de la première Epitre aux Corinthiens à Phédon. Il ne sert à rien de camoufler ce fait, comme on le fait si souvent aujourd'hui, en combinant ce qui, en réalité, est incompatible, par le raisonnement quelque peu simpliste qui suit ce qui, dans la doctrine chrétienne, nous paraît irréconciliable avec la croyance à l'immortalité de l'âme, donc précisément la résurrection proprement dite, ne serait pas une affirmation essentielle pour les premiers chrétiens, mais une simple accommodation aux expressions mythologiques de la pensée de leur temps, et l'intention profonde qui en forme la substance viserait aussi l'immortalité de l'âme. Il faut, au contraire, reconnaître loyalement que précisément ce qui distingue l'espérance chrétienne de la croyance grecque est le centre même de la foi du christianisme primitif. Si l'interprète ne peut pas l'accepter comme fondamentale, il ne doit pas en conclure qu'elle ne soit pas fondamentale non plus pour les auteurs qu'il étudie. ... A ceux qui trouvent cette idée de «sommeil» absolument inacceptable, nous serions tenté de demander, en quittant alors résolument le plan de l'exégèse qui est celui de notre étude, s'il ne leur est jamais arrivé de faire en dormant un rêve merveilleux qui les a rendus plus heureux que n'importe quelle expérience bien qu'ils n'aient fait que dormir? Cela ne pourrait-il pas être une image, certes imparfaite, pour illustrer l'état d'anticipation dans lequel, selon saint Paul, se trouvent les morts en Christ pendant leur «sommeil» en attendant la résurrection du corps ? »  Le présent ouvrage reproduit un travail que nous venons de publier en Suisse [Mélanges offerts à KARL BARTH à l'occasion de ses 70 ans, parus chez Reinhardt, Bâle, 1956 (Theologische Zeitschrift, N. 2, p. 126 ss). Voir aussi Verbum Caro, 1956, p. 58 ss] et dont un résumé a déjà paru dans différents périodiques français

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