Pourquoi espérer ? un défi pour notre temps

 Pourquoi 
espérer ?

ou

Un défi pour notre   temps

  

 

Introduction :


Suite à un entretien avec Claude et Karin Bouchot, auteur du livre : « Stimuler notre espérance » (1), je vous propose de traiter ce sujet en six volets. C’est avec une perspective chrétienne que nous aborderons cette question. Il est vrai que la situation de la France, mais aussi du monde, nous force à rechercher des éléments de réponse à cette interrogation précise. Nos devenirs en dépendent. Constatons, que jamais comme aujourd’hui, notre monde a été traversé par de telles difficultés. Elles lui paraissent de plus en plus insolubles. Je vous fais grâce de l’énumération de tous les sujets qui posent problème. Ils sont trop présents à nos esprits. Toutefois, observons une exaspération croissante des tensions, depuis la famille jusqu’aux relations internationales. Les conséquences sur le moral de ceux qui vivent leur quotidien sont suffisamment significatives pour être inquiétantes. Face à cette morosité, pour ne pas dire déprime collective (surtout en France), que propose le message chrétien ?


Développement :


Question absurde pour amorcer notre partage : Faut-il continuer encore à espérer ? En d’autres termes, est-ce bien utile ou bien nécessaire de s’investir dans un projet ? On dit bien que l’espoir fait vivre, mais est-ce que le prix à payer vaut la peine de poursuivre notre quête de bonheur.

 

La langue française fait une distinction intéressante entre l’espoir et l’espérance.


L’espoir se définit comme un état d’attente confiante dit le dictionnaire Larousse. Il est lié à nos préoccupations quotidiennes. Il concerne nos besoins et nos désirs. Il se conjugue avec tous les aspects de notre être, sur les plans physiques, mentaux, émotionnels, spirituels dans le sens large. Il se rapporte à un futur concret proche. L’objet le plus courant de notre espoir est le bonheur ici et maintenant. Il est comme une nécessité psychologique. Le sage Salomon disait : « un espoir différé rend le cœur malade, mais un désir accompli est un arbre de vie » Proverbes 13 : 12 L’espoir part de l’homme, pour se projeter vers un ailleurs.


L’espérance sur un plan théologique est extérieure à l’homme. Elle l’interpelle parce qu’elle vient de Dieu. Elle contraste avec nos cours passages terrestres, car l’aboutissement de notre espérance chrétienne est hors de notre temps. L’espérance est un sentiment qui vient nous habiter, quand on saisit ce qui nous est proposé pour notre avenir. C’est avant tout le projet d’un Père pour ses enfants. Cette espérance a la vertu de transformer en certitude dans notre cœur, ce qui n’est que promesse. Nous accueillons une parole qualifiée de vraie et de certaine. De ce fait, cette dernière sollicite une adhésion que nous appelons la foi. L’espérance va donc bien au-delà de nos attentes du moment. Elle transcende nos quotidiens pour répondre à notre soif d’absolu dans une vie, bibliquement appelée, éternelle. Job fera la synthèse de ces deux notions complémentaires : « Si l’homme une fois mort pouvait revivre (Cf. Espérance), j’aurais de l’espoir tout le temps de mes souffrances(Dans le présent) jusqu’à ce que mon état vienne à changer. » Job 14 :14


Dans l’Ancien Testament, la vitalité de l’espérance se confondait avec les promesses liées à une alliance. Dans le Nouveau Testament l’espérance se concentre sur les promesses de Jésus-Christ.


Perdre espoir peut s’entendre comme perdre la vie, tandis que perdre l’espérance serait perdre toute projection de vie. Perdre l’espérance se confond au néant. C’est la raison pour laquelle l’apôtre Paul écrit : « Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes »  1 Corinthiens 15 : 19


En gros, disons que l’espoir peut être déçu, mais pas l’espérance. L’apôtre Paul confirme : « Or, l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. » Romains 5 :5 Le verbe traduit par tromper (καταισΧυνω) a d’ abord le sens de rendre confus quand il est conjugué au passif. Avec la négation (ου µη) = ne pas être rendu confus. C’est le même verbe qui a été traduit ainsi en Romains 9 : 33 « Celui qui croit en lui ne sera pas confus. Idem en Romains 10 :11. L’apôtre Pierre aussi confirmera ce sens. Citant le rouleau du prophète Esaïe, il écrira: " Voici, je pose en Sion une pierre angulaire, choisie et précieuse, et celui qui met en elle sa confiance ne sera pas confondu » 1 Pierre 2 :6 version T.O.B. La version en Français courant traduit « celui qui me fait confiance ne sera jamais déçu ».


Saisissons cette bonne occasion qui nous est offerte pour « stimuler notre espérance » (Cf. Titre du livre de Claude et Karin Bouchot).

Pour entrer dans cette dynamique, la Bible rappelle à tout lecteur, qu’à chaque fois que l’humain a voulu projeter ses propres espoirs, en ne comptant que sur lui-même, une amère déception a été au rendez-vous. Rappelons-nous les motivations qui ont précédées le déluge (Cf. Genèse 6 : 5). Rappelons-nous encore celles qui ont motivé le projet de construction de la tour de Babel (Cf. Genèse 11 : 1-3). Souvenons-nous, encore une fois, des mobiles qui ont abouti à la construction d’un veau d’or au Sinaï (Cf. Exode 32 : 1-6) A chaque fois, une patente déception a été observée.


Force est de constater que l’être humain ne peut, de lui-même, trouver le chemin qui satisfait sa soif d’absolu. Le sage Salomon avait raison de dire : « Telle voie parait droite à un homme, mais son issue, c’est la voie de la mort. » Proverbes 14 :12

Soyons donc pragmatiques ! Puisque les espoirs humains sont sujets à de nombreuses déceptions, pourquoi ne pas privilégier la stimulation de notre espérance.

L’espérance, la vraie, celle qui nous est extérieure, prend sa source dans la reconnaissance d’une Parole venant de Dieu lui-même. Il faut donc prendre le temps de bien s’informer pour entendre cette Parole. Cette dernière est porteuse d’une promesse. Si belle soit-elle, il nous faut l’accueillir. Imaginons que quelqu’un, qui nous aime beaucoup, désire nous faire un cadeau. Quelques soient ses bonnes intentions, cela ne trouvera aucun écho positif en nous, si nous le refusons. Il y a nécessité à saisir ce qui nous est offert, pour le découvrir et l’apprécier à sa juste valeur. Sur le plan spirituel, il en est de même.


Il y a nécessité à accueillir la Parole de Dieu porteuse d’une magnifique promesse. Cette démarche s’appelle, en langage biblique, la foi. Prenons donc acte, dès cet instant, de l’offre divine. Pourquoi ? Parce que cela nous permet de nous réaliser pleinement en trouvant notre place dans ce monde. Qui plus est, cela donne du sens à notre vie présente et à venir. Le prophète Jérémie traduit bien l’ offre divine :

« Je connais les projets que j’ ai formulés pour vous, dit l’ Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’ espérance. » Jérémie 29 :11


Nous avons le choix de refuser d’entrer dans le champ de l’espérance. Nous pouvons trouver mille excuses fondées pour ne pas accueillir la manifestation de la grâce de Dieu. Ce serait dommage de passer à côté de quelque chose de bon pour nous. Alors, faisons une expérience personnelle. Ne regardons plus autour de nous, regardons et examinons ce que Dieu nous propose, et ensuite nous verrons… La démarche est gratuite. En employant une formule triviale je dirais : nous n’avons rien à perdre et tout à gagner.


Un point semble clair. Face à un monde de plus en plus en convulsions, si nous essayons d’être réalistes, le choix se réduit. C’est soit celui de l’espérance, soit celui de la désespérance.


La promesse qui nous permet d’avoir le privilège de progresser dans l’espérance est la révélation de Dieu, au travers de son envoyé Jésus-Christ, son fils bien aimé. Il nous est vivement conseillé de l’écouter. Sur la montagne de la transfiguration, les trois disciples accompagnés de Jésus ont entendu une voix venant des cieux : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le » Marc 9 : 7 C’est la raison pour laquelle, concrètement, nous entrons dans le champ de l’espérance lorsque nous faisons notre les paroles du Seigneur Jésus. L’expérience personnelle est alors déterminante : « Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ » Philippiens 2 :5 Elle transcende toutes les querelles de clocher, tous les clivages doctrinaux, tous les positionnements institutionnels.L’espérance se nourrit de vérité. Christ en nous est l’espérance de la gloire. (Cf. Colossiens 1 : 27)

La démarche parait simple : écoutez, adhérer, vivre. Mais à chaque étape de notre progression dans l’espérance, nous avons à franchir les écueils de la raison. Celle-ci est propriété humaine. Elle ne peut qu’effleurer le contenu de l’espérance. Seule la foi l’appréhende complétement. Or la foi se construit en regard d’un ailleurs qui vient de la Parole de Dieu. C’est elle qui forme le socle de l’espérance. L’apôtre Paul précise :

« La foi vient de ce que l’on entend, et ce que l’on entend vient de la parole de Christ. » Romains 10 :17 et ailleurs, pour rattacher la foi à l’espérance :

« Or, la foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas. » Hébreux 11 :1

Si la raison met en doute l’existence de Dieu, il est vrai que la foi n’a plus sa place. Au départ, il a nécessité d’un lâcher-prise. « Il faut que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu existe, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. » Hébreux 11 :6 Peut-on entrer en contact avec quelqu’un, si nous pensons qu’il n’existe pas ? Ce texte important nous dit que Dieu doit être posé comme un postulat indiscutable. C’est à cette condition, que le véritable chercheur sera en contact avec la grâce de Dieu. Dieu se révèle à tous d’une manière consciente ou inconsciente, un jour ou l’autre. C’est un peu comme une fenêtre qui s’ouvre pour laisser passer la lumière. On peut soit l’ouvrir en grand, soit la refermer. Ce choix nous appartient. Mais, il est impossible d’appréhender Dieu par notre seule raison. Le texte nous dit aussi que la démarche de l’authentique chercheur est assurée d’un précieux bénéfice. Dieu s’en porte garant. L’expérience personnelle de millions de croyants peut attester la véracité de ce fait.


Partant de ce constat, il est utile pour chacun de nous d’aller au-delà de nos perceptions naturelles, pour embrasser la grande aventure de l’espérance. Il nous faut sortir de notre pré carré pour analyser les composants de cette espérance. Ils nous éveilleront à la découverte d’un merveilleux projet. Dieu l’a conçu pour le bonheur de chacun. Ce projet est parfait, il ne souffre aucune retouche. Il émerge d’un concept que l’on a du mal à bien cerner : l’Amour. L’apôtre Jean définit Dieu ainsi : « Dieu est amour… Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier » 1 Jean 4 : 8, 16,19 Cen’est pas rien de prendre conscience que nous sommes l’objet d’un projet d’amour. Nous verrons à quel point, il nourrit le cœur de l’espérance.


L’apôtre Paul, en introduction de la lettre qu’il envoie à son disciple Timothée, se présente ainsi : « Paul, apôtre de Jésus-Christ, par ordre de Dieu notre Sauveur et de Jésus-Christ notre espérance, à Timothée, mon enfant légitime en la foi. » 1 Timothée 1 :1 Pourquoi citer ce passage ? Parce que nous découvrirons que le cœur de l’espérance s’incarne dans la personne de Jésus-Christ. Il est présenté comme le Sauveur du monde (Cf. Jean 1:29, 3 :16 ; 4 :42) Le même apôtre expliquera pourquoi il était incontournable que cette espérance prenne sa consistance en Jésus Christ. S’adressant aux chrétiens d’ Ephèse, il déclare :

« Souvenez-vous que vous étiez en ce temps-là sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. » Ephésiens 2 :12


Le Christ a ouvert une voie royale. Il a accompli le projet de Dieu. Il accompagne tous ceux qui veulent le suivre. (Cf. Matthieu 28 :20) Plus encore, si nous entrons dans la dynamique de la foi, il se propose de prendre le relai, au point d’ arrivée où nous serons parvenus, pour accomplir à notre place, le reste du parcours qui aboutit à l’ accomplissement parfait du projet de Dieu. C’est une expérience magnifique à vivre dans le temps présent. Le croyant est inspiré par une espérance vivante (Cf. 1 Pierre 1 :3) Cette espérance nous garde dans le projet de vie, la mort n’aura pas ce pouvoir d’enfermement et de fin définitive. Oui ! Redisons-le, le Christ qui vient à notre aide n’est pas resté cloué sur une croix : « Christ est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous ! » Romains 8 :34

L’apôtre Jean développe cet aspect en mentionnant le fait que désormais, « nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. Il est lui-même la victime expiatoire pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier. » 1 Jean 2 :1-2 Toutes les peurs liées à la culpabilisation sont effacées par Amour. Nous sommes libérés d’un poids. Nous pouvons poursuivre joyeusement notre marche avec reconnaissance.


Mais le projet de Dieu, qui constitue le fil rouge de l’espérance, ne concerne pas seulement les améliorations de notre condition humaine. Il transcende le temps, il a une portée qui nous plonge dans l’inaccessible et incompréhensible éternité. Le retour en gloire de Jésus-Christ et l’intronisation de son royaume concrétiseront la finalité de cette glorieuse espérance.


Conclusion :


Au travers de cette introduction sur le thème de l’espérance, nous entrevoyons de merveilleux développements édifiants. Ils nourriront notre âme et sa soif d’absolu. Rien de plus beau, rien de plus fort, n’a été proposé aux hommes. Cette espérance engendre une joie d’être, malgré toutes les difficultés qui ne manquent pas de se trouver sur nos chemins. L’adhésion à cette espérance est un saut vers l’inconnu, mais en nous appuyant sur les paroles d’un homme qui a donné sa vie pour nous, on peut essayer de lui faire confiance.

Sa parole est vérité : « Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde » Jean 16 :33

                                                                                       Jacques Eychenne

 

PS : (1) « Stimuler notre espérance ! » Claude et Karin Bouchot, préface de Pierre Clément, édition BoD, 2014.

 

 

 

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